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jamais osé livrer à la scène. Dans les vingt-six ouvrages dramatiques qu'il a laissés, même vérité, même licence, mais rarement un plan bien tracé, peu d'ordre dans la richesse; c'est un recueil de portraits, de scènes, de caricatures, que les habiles peuvent exploiter. Il a traduit Térence et PArt poétique, sans beaucoup de succès. Le Connaisseur, ouvrage dans le genre du Spectateur, qu'il a publié avec Thornton, est l'un des plus faibles essais de ce genre cependant à travers la légèreté du crayon d'un jeune homme de vingt ans (tel était son âge), on peut remarqner une ironie fine et des traits d'observation. Après une vie heureuse et agréable, passée dans le monde et au milieu des succès, après avoir fort bien dirigé les deux théâtres de Haymarket et de Covent-Garden, il devint fou, et mourut à Paddington, dans une maison d'aliénés, le 14 août 1794.

COLNET (CHARLES-Joseph), homme de lettres et libraire, né vers 1770, près de Vervins, termina ses études à l'université de Paris. Les auteurs de la troisième édition du Dictionnaire des girouettes prétendent que M. Colnet a été grand-vicaire de Soissons, et qu'il composait les mandemens de son évêque; ils ajoutent que ses différens écrits depuis la révolution attestent la mobilité de ses opinions politiques. Laissant à ces auteurs toute la responsabilité de leurs assertions, nous nous contenterons de rapporter que M. Colnet fut arrêté, après le 20 mars 1815, pour un article du Journal général, qui n'était pas tout-à-fait

dans l'esprit du temps. M. Colnet, du reste, a toujours été de l'opposition littéraire; et quoique aucun de ses ouvrages polémiques ou poétiques ne porte son nom, cela n'empêche pas qu'on lui attribue avec quelque certitude: 1° Mémoires secrets de la république des lettres, ou journal de l'opposition littéraire, ouvrage que la police fit cesser en 1801, après avoir fait saisir le 10 cahier; 2° Etrennes à l'Institut national, ou revue littéraire de l'an VII, in-12; 4° les mêmes étrennes pour l'an VIII, in-12; La jin du 18 siècle, satire; 5° Correspondance turque, in-8°, 1801, 2 éditions; 6° Les satiriques du 18° siècle, 7 vol. in-8°; 7° L'art de diner en ville, à l'usage des gens de lettres, 1810, petit poëme qui n'est pas dénué de talent, et où l'on trouve des vers heureux; 2o édition, 1813; il y a une 3° édition. M. Colnet, qui signait ses articles d'une modeste initiale, lorsqu'il travaillait au Journal des arts, au Journal de Paris et au Journal général, les signe en toutes lettres depuis qu'il est rédacteur à la Gazette de France, précaution surabondante; M. Colnet s'est fait un style qui n'appartient qu'à lui. On lui reproche une manière à la fois prétentieuse, burlesque et monotone; la recherche du trait, et l'affectation d'une gaieté souvent forcée.

COLOGNA (ABRAHAM DE), d'u ne famille recommandable, né à Mantoue, naturalisé Français en 1816, grand-rabbin et président du consistoire central des Israélites de France, chevalier de la Couronne-de-fer. M. de Cologna

était depuis plusieurs années rabbin-juge au tribunal civil particulier des juifs de Mantoue, lors de l'introduction, en 1804, du code français dans le royaume d'Italie. Au commencement de 1797, après la prise de Mantoue par les Français, il fut nommé membre de l'administration de ce duché; et après la réunion de ce même duché à la république Cisalpine, mesure qui eut lieu dans la même année, il passa à Milan en qualité de membre du conseil des anciens, place qu'il conserva, malgré les changemens survenus dans ce corps, jusqu'en 1799, époque de l'entrée à Milan des armées austro-russes. Le gouvernement autrichien ayant été rétabli dans cette ville, tous les représentans eurent ordre de se retirer sans délai dans leurs foyers. M. de Cologna seul obtint la liberté de rester à Milan. Vers la fin de la même année, il retourna à Mantoue, où il reprit ses fonctions de grandrabbin. En 1801 il fit partie du congrès italien qui se tint à Lyon, et fut nommé membre du collége électoral des dotti. En 1806 il vint à Paris en qualité de membre rabbin de l'assemblée générale des Israélites de France, fut l'un des deux assesseurs du grand Sanhedrin, et en 1808, l'un des trois grands-rabbins du consistoire central, qu'il préside depuis 1812. Nommé par Napoléon chevalier de la Couronne de fer, il a été reconnu comme tel par l'empereur d'Autriche, et autorisé, par le roi de France, à en porter la décoration. M. de Cologna est un homme très-instruit; outre sa langue natale, il possède parfaitement

l'hébreu et les langues modernes et savantes. Il est auteur de poésies hébraïques, et de plusieurs discours de théologie ou de morale dans plusieurs langues. Il a publié différens articles dans l'ouvrage périodique l'Israélite francais, et deux brochures en 1817, l'une sur l'ouvrage de M. Bail, les Juifs au 19° siècle, et l'autre sur une lettre de M. le baron S. de S. (Sylvestre de Sacy), concernant le problème de l'émancipation complète des juifs.

COLOMBEL (Louis-JOSEPH ), nommé, en septembre 1792, par le département de la Meurthe, député suppléant à la convention nationale, n'y prit séance qu'après l'exécution de Salles, l'un des membres les plus distingués du parti girondin. Deux fois membre du comité de sûreté générale, et deux fois envoyé en mission dans le Midi, à l'époque où les partis s'attaquaient encore avec violence, Colombel fit peu de bien et peu de mal, et sa carrière politique est à peu près nulle pour l'histoire contemporaine. Après la session conventionnelle, il passa au conseil des anciens; mais il n'approuva point les événemens du 18 brumaire an 8, et n'entra pas au corps législatif créé par suite de la constitution de l'an 8; il fut seulement nommé administrateur des hôpitaux militaires. Depuis cette époque, devenu possesseur d'une fortune qui contraste avec celle dont il jouissait avant la révolution, comme dragon au régiment de la Rochefoucault, et ensuite comme débitant de tabac à Pont-à-Mousson, ila, dit-on, après le retour du roi, sollicité,mais

sans succès, une sous-préfecture. COLOMBIER (JEAN), médecin. On lui doit des changemens utiles, pour le service médical militaire. Le Code de médecine militaire, 5 vol. in-12, 1772; la Médecine militaire, 7 vol. in-8°, 1778; et surtout les Préceptes sur la santé des gens de guerre, reproduits sous trois titres différens, 1775, 1778, 1779, offrent un corps très-complet de tout ce qui peut arracher à la mort, préserver des fatigues meurtrières, garantir, fortifier ou sauver les hommes qui défendent leur patrie. Ces chariots sanglans, sur lesquels les blessés étaient entassés comme des animaux ; ces salles d'hôpitaux où l'on parquait de grands troupeaux de mourans, qui, dans un air pestiféré, expiraient plutôt victimes de la conta gion, quand ils ne monraient pas de leurs blessures; ces alimens malsains, ces marches précipitées sans nécessité, et que des re-. pos courts et nombreux eussent rendues supportables, ces canton, nemens humides et fiévreux, ces boissons plus homicides que l'épée; enfin tout ce qui ajoute aux. dangers inévitables de la guerre, la langueur d'un corps affaissé et mille douleurs inutiles: Colombier s'est occupé d'offrir à tous ces maux des palliatifs ou des remèdes; il a même inventé des machines, donné le dessin d'un nouveau havresac, et mis en usage un chariot suspendu pour les blessés. On doit encore à ce médecin philanthrope, dont les recherches ont toujours porté un caractère si utile et si noble, le commencemment d'un excellent ouvrage sur lo Lait des femmes, et

sur les maladies qu'il cause ou développe, 1782, in-8°; et une bonne Pharmacopée pour les dépôts de mendicité, à laquelle M. Chaumeton a seulement reproché d'être trop riche. Son Mémoire sur les épidémies et son instruction pour les insensés, etc., ont été composés en société avec Doublet. Cet hom me honorable mourut victime de son dévouement à ses semblables. Inspecteur-général des hôpitaux civils et militaires, il s'acquitta de ses fonctions avec un zèle qui le conduisit au tombeau : plus de dix hôpitaux ont été fondés d'après ses réclamationset ses plans; et (il faut le dire à l'honneur d'une cour frivole et dissipée), les ministres en lui donnant le cordon de Saint-Michel, et le titre de conseiller- d'état, récompensèrent dignement ses travaux. Il était né à Toul, le 2 décembre 1736; il est mort le 4 août 1789.

il

COLOMBO (DOMINIQUE), poète pastoral, a passé sa vie au inilieu des bergers qu'il chantait. Pour eux, il s'est fait mettre en prison pendant l'occupation de I'Italie par les troupes françaises. Comme poète, il a de l'originalité et de la douceur. Prêtre, remplit avec indolence les hautes fonctions pour lesquelles il n'était pas né. Citoyen, il mérite des éloges; et les mauvais traitemens auxquels il s'exposa en prenant la défense d'une classe d'hommes qui souvent manque de défenseurs, parlent assez en faveur de son caractère. On lui doit les Sciolti campestri, Brescia, 1798. I piaceri della solitudine, ibid., 1781; et deux églogues d'un genre trèsneuf sur la prise et la ruine de

Brescia. Ilestné en 1749, et mort en 1813 sur le territoire de cette ville. Des vers pleins de facilité et de grâce, et quelques dissertations ingénieuses, lui assignent un rang secondaire parmi les poè tes italiens. C'est lui qui, dans ces derniers temps, a réveillé cette ancienne question, de savoir si la tragédie italienne est un genre naturel et raisonnable, et si le vers tragique italien n'a pas quelque chose de forcé. Il décidait affirmativement la question sur laquelle il ne nous appartient pas de prononcer, et que mille écrivains italiens s'efforcèrent de résoudre d'une manière plus favorable à leur pays.

COMBE (HARVEY-CHRISTIAN), alderman de Londres, a mérité dans ces derniers temps l'estime de ses concitoyens. Nommé lordmaire en 1800, il exerça avec patriotisme cette magistrature bourgeoise, qui expose son possesseur à la haine de la cour, et souvent au mécontentement de la cité. L'un des premiers, il s'engagea comme volontaire pour la défense de son pays, et fut nommé capitaine. Plusieurs fois il parla dans les assemblées de la cité, contre les exactions du ministère, contre cet income-tax, dont Churchill a dit en beaux vers, que c'est le rocker terrible sous lequel la liberté anglaise expire en gémissant; enfin, contre tout ce qui lui parut attaquer l'indépendance de son pays, ou nuire aux intérêts de ses compatriotes. Très-riche, maître d'une brasserie considérable, sans instruction, sans éloquence, doué d'une figure froide, impassible, et tout au moins peu spirituelle; il

a, ce qui vaut mieux que le talent et la figure, une âme généreuse, une bonté parfaite, et un dévouement complet à sa patrie. La cour ou plutôt la famille royale lui a pardonné ces dernières qualités, et souvent l'alderman le plus populaire (après le célèbre Wood), présente aux highnesses et aux excellencies qui viennent fréquemment lui rendre visite dans son établissement, les sices, les tranches de jambon et le porter, quisont goûtés chez nos voisins' par les gourmets de toutes les opinions et les buveurs de tous les partis.

COMBES-DOUNOUS ( JEANJACQUES), ex-législateur, fut incarcéré pendant la terreur, et passa treize mois dans les cachots. Juge au tribunal civil de Montauban, 'il fut nommé en 1815 membre de la Chambre des représentans, et fut destitué au retour du roi. Comme écrivain, il a été en butte aux critiques amères d'un parti. Qui ne pense pas comme nous, disent les aristarques de cértaines époques, ne peut avoir ni style, ni mérite, ni instruction; cette règle générale facilite beaucoup la critique et partage naturellement les auteurs en deux classes: les bons auteurs, c'est-à-dire les amis; les mauvais auteurs, c'est-à-dire les adversaires. Les ouvrages de M. Combes-Dounous, aux yeux de la critique ordinaire, attesteraient beaucoup d'érudition et de méditation, une connaissance approfondie des langues mortes, et un esprit fécond en idées nouvelles. Son crime est d'avoir, dans un Essai très-philosophique, sur le Platonisme et sur Platon, considéré ce philosophe comme le

précurseur de Jésus-Christ. En cela, M. Combes n'a fait que répéter l'assertion des Pères de l'Eglise les plus respectables. Les mystérieuses doctrines de Platon, la douceur presque divine de ses préceptes, ont même engagé plusieurs fidèles à le canoniser à son insu. On doit encore à M. Combes la Traduction des Dissertations de Maxime de Tyr, avec d'excellentes

notes.

COMBETTE-CAUMONT (JEANJOSEPH-LAZARE DE), conseiller au parlement de Toulouse, et issu d'une famille très-ancienne, naquit à Gaillac, en Albigeois, en 1745. Il déploya beaucoup de fermeté en 1771, lors des querelles du chancelier Maupeou avec la compagnie aussi fut-il des premiers exilés. Il eut encore à faire preuve de constance sous l'administration du cardinal de Brienne; se montrant toujours le zélé défenseur des droits de la nation. Lors de la proscription en masse du parlement de Toulouse en 1793, il ne voulut pas se séparer de ses confrères; on l'arrêta, on le conduisit à Paris; et là, jugé par le tribunal révolutionnaire de la Seine, il périt le 13 juin 1794.

COMBETTE-CAUMONT (LE VICOMTE JOSEPH-MARIE DE), fils du précédent, né à Gaillac, départe ment du Tarn, en 1771, fit ses études au collége de Sorèze, et vint plus tard se faire recevoir à Toulouse avocat au parlement; il était destiné par son père à le remplacer un jour dans la carrière de la magistrature. Il émigra en 1791, et essuya dans cette fuite toutes les vicissitudes d'une vie errante dans l'ancien et le nou

veau monde qu'il parcourut. Profitant de l'amnistie accordée par le gouvernement des consuls, M. de Combette-Caumont, en 1802, revint dans la patrie qu'il chérissait d'autant plus qu'il avait vu l'étranger. L'empereur, lors de la formation des cours impériales de 1811, le nomma conseiller à celle de Toulouse. Il remplit ses fonctions avec zèle et sagacité. Après l'époque bruyante des cent jours, époque pendant laquelle il ne crut pas devoir abandonner son poste, il fut chargé, en 1817, de la procédure concernant l'assassinat du général Ramel (Voy. ce nom). Ce crime commis au milieu de toutes les autorités qui ne cherchèrent pas à le prévenir, et qui ne songeaient pas à le poursuivre, était demeuré sans vengeance: le gouvernement les y obligea enfin. Les ramifications de cette affaire étaient immenses: il était dangereux de vouloir s'en charger; car les coupables de fait s'appuyaient sur un crédit sans bornes; de hauts personnages qui les avaient fait agir ayant un intérêt direct à les protéger. Le temps dévoilera sans doute toutes ces infâmes machinations. On n'épargna rien dès le commencement pour intimider le vicomte de Combette-Caumont; les lettres anonymes, les insinuations, les menaces de vive voix ou par écrit, la calomnie, les voies de fait, on employa tout, et rien ne le fit dévier de la ligne de son devoir. L'autorité disait veiller à sa sûreté; et un soir qu'il venait de quitter un des principaux magistrats de la ville, lequel lui avait donné l'assurance la plus solen

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