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chete tous les premiers nés de mes enfans. (a)

Pourquoi Jefus-Chrift a obfervé la Loi des premiers nés..

C'est donc pour obferver cette Loi: que Jesus-Chrift eft porté en ce jour au temple par la fainte Vierge & faint Jofeph. Quoiqu'il y ait partage de fentiment entre les Peres & les Interpretes, fr Jesus-Chrift étoit obligé d'obferver cette Loi, où s'il n'y étoit pas obligé, les uns prétendant qu'étant parfaitement confacré à Dieu dès fa naiffance par l'union perfonnelle de la divinité avec l'humanité, la confécration extérieure & légale des premiers nés ne pouvoit lui convenir; les autres foutenant au contraire que proprement elle ne regardoit que lui on peut dire néanmoins, fans craindre de fe tromper, qu'étant le Fils unique de Dieu, confacré parfaitement à fon Pere dès le moment de fa concep tion par l'union perfonnelle de la divinité avec l'humanité, & venu pour établir une Loi nouvelle infiniment plus

(a) Cùm interrogaverit te filius tuus cras, dicens: Quid' eft hoc? Refpondebis ei: In manu forti eduxit nos Dominus de terra Ægypti, de domo fervitutis. Nam cùm induratus effet Pharao & nollet nos dimittere, occidit Dominus omne primogenitum in terra Ægypti, à primogeni hominis ufque ad primogenitum jumentorum. Idcirco immolo Domino omne quod aperit vulvam masculini fexûs, & omnia primogenita filiorum meorum redimo. Exod. 13.

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parfaite que l'ancienne, il pouvoit ab folument fe difpenfer de la garder, & qu'ainfi il l'a gardée volontairement & parce qu'il l'a voulu.

Il a voulu la garder pour les mêmes raifons pour lefquelles il a pratiqué trèsfidélement pendant toute fa vie toutes les ordonnances & les cérémonies de la Loi. On en a rapporté plufieurs fur le myftere de la Circoncifion; il ne fera pas inutile de les répéter ici en peu de

mots.

trer par

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Jefus-Chrift a voulu obferver toutes les ordonnances de la Loi de Moïfe, & en particulier celle des premiers nés, pour autorifer cette même Loi, & monfa fidélité à la garder, qu'elle n'avoit pas été inventée par les hommes, ou donnée par un mauvais Dieu, comme l'ont foutenu les Manichéens ; mais que Dieu lui-même en étoit l'auteur, & qu'enfin elle étoit bonne, jufte & fainte, comme dit l'Apôtre.

Jefus-Chrift s'y eft foumis pour appren dre aux hommes avec quelle fidélité & quelle exactitude ils doivent obferver les loix de Dieu & de l'Eglife; & en particulier aux Miniftres de l'autel & à tous ceux qui font chargés de la conduite des autres, qu'ils doivent donner à ceux qui leur font foumis l'exemple de toutes les bonnes œuvres, & être les pre

miers à tout, pour engager efficacement leurs inférieurs à obferver ce qu'ils leur ordonnent de la part de Dieu.

Jefus-Chrift a accompli la Loi de Moïfe pour décharger fon peuple de l'obligation de la garder dans les préceptes cérémoniaux, & lui donner la liberté des enfans de Dieu. C'est la doctrine de faint Paul. (a)

Jefus-Chrift a voulu garder exactement la Loi de Moïfe, pour ne point mettre d'obstacle au miniftere qu'il avoit à exercer parmi les Juifs, qui n'auroient jamais voulu écouter les vérités faintes qu'il avoit à leur annoncer, s'ils ne l'euffent vu obferver foigneufement cette Loi qu'ils eftimoient tant, & à laquelle ils étoient fi fort attachés.

A ces raifons qui ont été expliquées fort au long dans l'Inftruction de la Circoncifion, on peut en ajouter encore une. C'eft que Jefus-Chrift a voulu fe foumettre de point en point à la Loi pour réparer par fon obéiffance la défobéiffance d'Adam & les défordres qu'elle avoit caufés. Comme plufieurs, dir l'Apôtre, font devenus pêcheurs par la défobéiffance d'un feul; ainfi plufieurs ont été rendus juftes par l'obéiffance d'un feul. (b) C'est

(a) Rom. 8. Gal. 4.

י

(b) Sicut per inobedientiam unius peccatores constituti funt multi; ita per unius obeditionem jufti conftituuntug ulti. Rom. 5.

donc cette obéiffance de Jefus-Chrift a fon Pere, & dans l'observation de la Loi, & dans les autres chofes qu'il demandoit de lui, qui a réparé les maux que la défobéiffance du premier homme avoit produits, & qui eft la fource de la juftice qui nous eft donnée.

Exemples que Jefus-Chrift nous donne en obfervant la Loi des premiers nés. L'obéiffance eft la premiere vertu dont Jefus-Chrift nous donne l'exemple. Mais confidérons bien la qualité de fon obéiffance; elle eft parfaite & entiere; elle lui coute beaucoup d'humiliation, & elle lui fait facrifier fon honneur, fa grandeur, & en un fens, fa qualité de Verbe, de Fils de Dieu & de Saint par excellence: Jefus-Chrift, que faint Auguftin appelle le Docteur & le Maître de l'humi lité, nous donne auffi dans ce mystere Texemple d'une humilité très-profonde: Elle y paroît avec éclat, non-feulement en ce qu'il veut bien fe foumettre à la Loi, quoiqu'il en foit lui-même le Légiflateur; mais encore en ce qu'on le rachete en donnant cinq ficles qui étoient le prix: & la rançon de tous les autres enfans, lui qui devoit racheter tous les hommes par fon fang & par fa mort.

Elle paroît encore en ce qu'il ne rougit pas d'être porté au temple par des

parens pauvres & méprifables aux yeux des hommes, & d'y être préfenté par une mere qui offre pour fa purification le facrifice marqué pour les pauvres, & qui, en fe purifiant comme les autres femmes, obfcurciffoit en quelque forte la gloire & la fainteté de la conception & de la naiffance du Sauveur; parce qu'elle donnoit occafion de croire à ceux qui la voyoient fe purifier, qu'elle étoit impure, & avoit conçu par la voie ordinaire. Elle paroît en ce que pour cette raifon il veut bien paffer pour un pécheur né en la maniere des autres hommes.

Ainfi Jefus-Chrift s'humilie en tout dans ce myftere. Il s'humilie à l'égard des avantages temporels; car il y paroît enfant, foible & infirme comme les autres; il y paroît dénué des biens de la terre & dans une extrême pauvreté, dépouillé d'honneur & de gloire, & dans un profond aviliffement. Il s'humilie à l'égard des biens de la grace; car il ne paroît rien de cette plénitude de grace & de fainteté qu'il poffédoit, & il paffe: pour un enfant né & conçu en la maniere ordinaire. Qui pourroit pénétrer l'abyme de l'anéantiffement de notre Sauveur ?

Il eft vrai que ce n'eft pas là l'unique occafion où Jefus-Chrift a pratiqué fi excellemment l'humilité; il l'a fait dans la meilleure partie, ou même dans toutes

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