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mes conventions avec M. Jean Maire; bien entendu surtout que l'on comprendra dans la dette tous les frais. que l'on aura faits, tant pour la procédure que pour les contrôles et insinuations, que pour le paiement de votre voyage.

S'il est impossible d'entrer dans cet accommodement raisonnable, vous ferez saisir toutes les terres dépen. dantes de Montbelliard en Franche-Comté; après quoi je vous prierai d'envoyer le contrat de deux cent mille livres, par la poste, à M. Dupont, avocat au conseil souverain de Colmar, à Colmar, avec la précaution de faire charger le paquet à la poste.

M. Leriche m'écrit d'Orgelet qu'il faut faire insinuer mon contrat de deux cent mille livres, parce que, dit-il, on pourrait un jour prétendre que j'aurais seulement placé sur la tête de ma nièce sans que ce soit à son profit. Je ne conçois point du tout cette difficulté, puisqu'il est stipulé dans le contrat que ma nièce ne jouira qu'après ma mort. Certainement cette jouissance exprimée est au profit de madame Denis; mais il ne faut négliger aucune précaution, et je payerai tout ce que M. Leriche jugera convenable.

Au reste, je me rapporte de toute cette affaire entièrement à vous; mais je crois qu'il ne faut pas se presser de faire l'insinuation, si la chambre des finances se prête à un prompt accommodement.

Mandez-moi, je vous prie, ce que vous pensez de tout cela, et ce que vous aurez fait.

Adieu, mon cher`ami; on ne peut vous être plus tendrement attaché que je le suis.

XXXIII.

A M. ÉLIE DE BEAUMONT.

28 octobre.

Non, mon cher défenseur de l'innocence des autres et des droits de madame votre femme; non, mon cher Cicéron, ne m'envoyez pas votre factum pour les Sirven: ce serait perdre un temps précieux. Je m'en rapporte à vous ; je ne veux voir votre Mémoire qu'imprimé. Vous n'avez pas besoin de mes faibles conseils, et les malheureux Sirven ont besoin que leur Mémoire paraisse incessamment signé de plusieurs avocats. Je vais écrire à M. Chardon, puisque vous l'ordonnez; mais il me semble qu'aucun maître des requêtes ne demande jamais d'être rapporteur d'une affaire. Ils attendent tous que monsieur le vice-chancelier les nomme. J'aurai du moins le plaisir de dire à M. Chardon tout ce que je pense de vous.

M. de Laborde, premier valet de chambre du roi, en revenant de Ferney, rencontra monsieur le vice-chancelier dans la chambre de sa majesté : il lui dit que M. le duc de Choiseul devait lui demander M. Chardon pour rapporteur dans l'affaire des Sirven : monsieur le vicechancelier répondit qu'il le nommerait de tout son cœur. Je m'attends donc que votre Mémoire pourra faire parler M. le duc de Choiseul, qui aura cette bonté.

Quand vous serez à Paris, pourrez-vous m'envoyer, par M. Damilaville, vos Mémoires contre madame de Roncherolles? Tout ce qui vous concerne m'intéresse. Ne doutez pas que M. d'Argental ne parle et ne fasse parler M. le duc de Praslin à M. Chardon. J'aurai même l'insolence de demander la protection de M. le duc de

Choiseul : il a déja eu la bonté de m'écrire qu'il est depuis long-temps l'ami de M. Chardon, et qu'il l'avait envoyé dans une île toute pleine de serpens, de laquelle il était revenu le plus tôt qu'il avait

pu.

Vous avez donc trouvé d'autres serpens en Normandie? M. Ducelier siffle donc toujours contre vous, et tâche de vous mordre au talon? Mais il paraît que vous lui écraserez la tête.

Voilà bien des affaires : vous faites la guerre de tous côtés; mais la grande guerre, celle qui m'intéresse le plus, est celle de qui dépend la fortune de madame de Beaumont. Je vous ai déja dit que j'ai lu avec beaucoup d'attention vos factums. Je vois que vous demandez à rentrer dans une terre de sa famille, vendue à vil prix; je vois que la raison et les lois sont pour vous: je veux voir absolument le factum de votre adverse partie. Je sais qu'elle a soulevé contre vous beaucoup de protestans; je puis en ramener quelques uns qui ne laissent pas d'avoir du crédit. Ce que je vous dis est plus essentiel que vous ne pensez. Je vous demande en grace de m'envoyer ce Mémoire de votre adversaire avec celui des Sirven. Depuis votre triomphe dans l'affaire des Calas toutes vos affaires sont devenues les miennes.

Adieu, mon cher Cicéron: mille respects à madame Terentia.

XXXIV.

A M. DAMILAVILLE.

30 octobre.

Mon cher ami, je reçois votre lettre du 20 d'octobre, car il faut que je sois exact sur les dates : on dit qu'il y a quelquefois des lettres qui se perdent.

J'écris à M. Chardon à tout hasard, pour l'affaire des

Sirven, quoique je ne croie pas le moment favorable. On vient de condamner à être pendu un pauvre diable de Gascon qui avait prêché la parole de Dieu dans une grange auprès de Bordeaux. Le Gascon, maître de la grange, est condamné aux galères, et la plupart des auditeurs gascons sont bannis du pays; mais quand on appesantit une main, l'autre peut devenir plus légère. On peut en même temps exécuter les lois sévères qui défendent de prêcher la parole de Dieu dans des granges, et venger les lois qui défendent aux juges de rouer, de pendre les pères et les mères sans preuves.

Ne pourriez-vous point m'envoyer cette Honnêteté théologique dont on parle tant, et qu'on m'impute à cause du titre, et parce que l'on sait que je suis très honnête avec ces messieurs de la théologie? Je ne l'ai point vue, et je meurs d'envie de la lire. On ne pourra pas empêcher qu'il y ait une Sorbonne, mais on pourra empêcher que cette Sorbonne fasse du mal. Le ridicule et la honte dont elle vient de se couvrir dureront longtemps. Il faut espérer que tant de voix, qui s'élèvent d'un bout de l'Europe à l'autre, imposeront enfin silence aux théologiens, et que le monde ne sera plus bouleversé par des argumens, comme il l'a été tant de fois.

Pourquoi donc ne pas donner vos observations sur l'Ordre essentiel des sociétés? Mais il n'y a pas moyen de dire tout ce qu'on devrait et qu'on voudrait dire.

Adieu, mon très cher ami; tâchez donc de venir à bout de cette enflure au cou; pour moi, je suis bien loin d'avoir des enflures, je diminue à vue d'œil, et je serai bientôt réduit à rien.

XXXV.

A M. DAMILAVILLE.

2 novembre.

Mon corps, qui n'en peut plus, fait ses complimens à votre cou qui n'est pas en trop bon ordre, mon cher ami. J'arrange mes petites affaires, et voici un papier que je vous prie de faire parvenir à M. de Laleu.

Au reste, plus la raison est persécutée, plus elle fait de progrès. Puissent les braves combattre toujours, et les tièdes se réchauffer!

Je reçois une lettre d'un des nôtres, nommé M. Dupont, avocat au conseil souverain d'Alsace, qui me mande vous avoir adressé des papiers très importans pour moi. Il faut bien, quelque philosophe que l'on soit, ne pas négliger absolument ses affaires temporelles; ces papiers me seront très utiles dans le délabrement des affaires de M. le duc de Virtemberg. Personne ne me paye, et j'ai depuis six semaines le régiment de Conti auquel il faut faire les honneurs du pays. Je suis plus embarrassé que la Sorbonne ne l'est avec M. de Marmontel.

Je viens d'apprendre qu'il y a des Mémoires imprimés du maréchal de Luxembourg, et je suis honteux de l'avoir ignoré. Ils me seront très utiles pour la nouvelle édition que l'on fait du Siècle de Louis XIV; et je vous prie instamment, mon cher ami, de me les faire venir par Briasson, ou de quelque autre manière.

Connaîtriez-vous un petit écrit sur la population d'une partie de la Normandie et de deux ou trois autres provinces de France? On dit que l'intendant, M. de La Michodière, a part à cet ouvrage, qui est, dit-on, très exact et très bien fait.

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